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22 avril 2016
Portrait d’un entrepreneur surprenant, Jean-François Tardif – Partie 2/3
Auteur : Josée Blanchard
Certaines personnes ne sont pas taillées pour une vie ordinaire faite de routine et de calme, style métro-boulot-dodo. C’est le cas de Jean-François Tardif, fondateur de l’entreprise Archimed Medical à Sherbrooke. Déjà, démarrer son entreprise en sciences de la vie et être papa de deux jeunes enfants, vous me direz que ça remplit bien les journées! Mais ce n’était pas assez pour Jean-François qui, en plus, projette de monter le mont Everest au printemps 2016.
J’ai décidé de faire une série de billets de blogue sur lui, son parcours, son entreprise et son projet, car c’est passionnant de l’entendre et c’est toute une aventure qu’il souhaite partager avec le plus de gens possible.
P.S. Jean-François décolle pour le Népal le 1er avril. Après avoir atteint le camp de base de l’Everest, il prendra le temps de s’acclimater en faisant l’ascension de montagnes avoisinantes. La « vraie escalade » vers le toit du monde débutera vers la fin mai.
Des nouvelles fraîches (21 avril 2016) : Jean-François a atteint le camp de base de l’Everest (5334 m), après plusieurs jours de trek. L’acclimatation se déroule bien, quoi qu’il doit finir de guérir une vilaine toux. La qualité de l’air n’aide pas : on y chauffe avec… des excréments de yack séchés. Dès le 25 avril, il amorcera des allers-retours entre les camps 1 (5943 m) et 2 (6400 m), avant de faire la même chose vers le camp 3 (7162 m). À -15°C, les nuits ne sont pas encore assez froides pour qu’il utilise la combinaison en fibre d’asclépiade. Ça viendra : la température ressentie sur le toit du monde peut descendre jusqu’à -60°C.
» Pour suivre l’aventure de Jean-François : monarkeverest.com et Monark Everest sur Facebook
Sa formation, son expérience, son parcours professionnel
Oui, aller à l’école, c’est important, mais si vous commencez à saisir le personnage, vous vous doutez bien que Jean-François n’est pas l’étudiant modèle qui passe sagement des heures à boire les paroles d’un brillant professeur… Il bouge toujours, a toujours des idées, sa tête bouillonne et par-dessus tout, il déteste parler de chiffres! Il a quand même une formation en administration des affaires, mais il sait depuis toujours qu’il sera un entrepreneur et qu’il aura sa propre entreprise.
Il a d’ailleurs été impliqué dans la création d’une entreprise aux États-Unis dans le domaine de l’aviation (Universal Propulsion) et a aussi participé au plan de développement de l’aéroport de Plattsburgh. Il est lui-même pilote à ses heures avec près de 800 heures de vol derrière la cravate.
Jean-François a toujours été visionnaire. Après un voyage de ski en Autriche alors qu’il avait 17 ans, il revient en Amérique et tente d’appeler les dirigeants des entreprises du secteur automobile pour leur dire que l’avenir est dans les petites voitures! Pensez-vous qu’il a eu du succès? Pourtant, c’est une tendance assez lourde aujourd’hui!
Il a commencé son incursion dans les sciences de la vie au sein d’une entreprise de la région qui fabrique des toiles lève-patient. Il a toujours été surpris par les équipements en santé, souvent très chers et relativement peu durables. Il a passé pas mal de temps dans plusieurs établissements de santé en visitant son grand-père malade. Il ne cessait de se dire qu’il pourrait concevoir de bons produits, abordables, à la fois confortables pour le patient et pour le donneur de soins. Cette idée ne le quittait jamais, alors il s’est lancé et a fondé Archimed.
Archimed Medical
Par curiosité, je demande toujours aux promoteurs avec qui je travaille comment ils ont choisi le nom de leur entreprise. « Archimed est tout simplement le plus grand scientifique de tous les temps », s’exclame Jean-François avec passion. « Donnez-moi un levier assez long et un point d’appui et je soulèverai le monde » : c’est ce qui a inspiré le nom de l’entreprise, son logo – un levier dans le « A » de Archimed –, de même que son slogan – un levier pour le monde.
Archimed sur l’Everest: joindre l’utile à l’«agréable»!?
L’Everest, comme je vous l’ai déjà dit, c’était d’abord un rêve personnel pour Jean-François. L’expérience mystique d’être sur le point le plus haut de la planète, même assez haut pour être à l’abri de l’énergie négative du monde… Il s’y sent attiré comme par un aimant. Mais quelle a été l’étincelle qui a fait passer ce projet du rêve à la réalité? Une rencontre, tout simplement.
Archimed Medical, l’entreprise que dirige Jean-François, s’intéresse particulièrement aux tissus techniques et à leurs propriétés diverses. Lors d’une rencontre avec François Simard de Protec-Style, Jean-François entend parler de l’asclépiade, une plante considérée comme une mauvaise herbe au Québec, mais dont la fibre a des propriétés phénoménales.
M. Simard voyait tout d’abord une application dans le domaine des absorbants pétroliers, mais en grand sportif qu’il est, Jean-François a eu l’idée de l’incorporer à des vêtements de sports d’hiver. En effet, la fibre d’asclépiade est très résistante à l’eau et à poids égal, elle est plus chaude que le duvet. C’est là que l’étincelle a jailli, ou plutôt l’explosion si on considère la vitesse à laquelle les choses se sont déployées, entre Jean-François et François. Quand deux visionnaires s’allument, ça va vite…
Nos deux messieurs souhaitaient faire un coup d’éclat pour lancer le produit. Jean-François me faisait remarquer qu’au Québec, la plupart des gens connaissent principalement deux montagnes : le Kilimandjaro et l’Everest. Comme le Kilimandjaro ne l’intéresse pas, la décision se prend en une seconde : ce sera l’Everest, et avec une toute nouvelle gamme de vêtements signés par son partenaire, Fibre Monark, afin de les tester. Tout un coup publicitaire pour les parties impliquées!
Voici 4 reportages de Radio-Canada pour en savoir plus sur l’asclépiade et l’aventure de Jean-François.
- La soie d’Amérique passe en production industrielle
- La soie d’Amérique, rempart contre les fuites d’hydrocarbures et amie du papillon monarque
- La soie d’Amérique pour braver le grand froid
- Le Québec deviendra-t-il l’eldorado de la soie d’Amérique?
C’est vraiment ce que j’appelle joindre la passion au travail! Et plus le temps avance, plus le projet grossit. En effet, un autre produit d’Archimed sera testé en altitude. Il s’agit d’une chambre hyperbare.
Une chambre hyperbare sur l’Everest?
Eh oui, en plus de tout l’équipement habituel, Jean-François amène un de ses produits avec lui. Il s’agit d’une chambre hyperbare portative. Cet équipement, dans sa version fixe et de grande dimension, est principalement reconnu pour son efficacité à traiter les accidents de plongée, mais ses applications sont multiples. Entre autres, elle permet d’aider à la récupération et à la régénération du corps en facilitant la pénétration de l’oxygène dans les tissus.
La chambre hyperbare d’Archimed permet de ramener virtuellement quelqu’un « au niveau de la mer » en quelques minutes. Cet équipement pourrait donc contribuer à sauver des vies au camp de base de l’Everest, car il n’est pas rare de voir des grimpeurs aux prises avec un œdème pulmonaire et même cérébral.
Dans le cas présent, la chambre sera installée au camp de base et Jean-François y passera des périodes maximales de 15 minutes. Car bien qu’elle aide à récupérer, la chambre hyperbare pourrait faire perdre au corps sa capacité d’acclimatation à l’altitude si on y reste trop longtemps. L’ascension du mont Everest deviendrait alors impossible. Une série de tests seront entrepris par notre alpiniste afin de trouver les meilleurs temps d’exposition, etc.
D’autres organisations de la région profiteront aussi des retombées de cette expédition. En effet une collaboration avec le CIUSSS de l’Estrie – CHUS et l’entreprise Imeka de Sherbrooke est à prévoir. Jean-François passera un IRM (imagerie par résonance magnétique) du cerveau avant son départ et à son retour afin d’étudier l’impact d’un séjour en haute altitude sur le cerveau humain.
À lire dans la 3e partie : l’Everest sans oxygène
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